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Interview d'Olivier Löser

Olivier Löser


Olivier Löser voyage à travers le monde pour réaliser de grands reportages photos, carnets de voyages photographiques. Ayant développé de nombreuses compétences lors d’un riche parcours touchant à divers secteurs de la photographie, il est également spécialisé dans la photo studio, la nature morte, le portrait qu’il exerce dans son studio parisien du 20ème arrondissement.

Nous avons pu découvrir avec grand intérêt l’ensemble de son travail et sa personnalité sensible, généreuse et engagée, lors d’un entretien que nous vous partageons ici.


Comment avez-vous démarré votre carrière de photographe ?


Mon grand-père, qui vivait près des usines Carl Zeiss en Allemagne de l’Est, était photographe amateur. Il m’a offert un Lomo quand j’avais 15 ans, trouvé au marché. C’est de cette manière qu’assez naturellement j’ai commencé à m’intéresser à la photographie. Après mon bac, j’ai fait une école de cinéma, j’ai travaillé un peu dans le secteur, en tant que directeur photo mais le milieu ne m’a vraiment pas plu, c’était très hiérarchisé, très complexe. Je me suis rendu compte que ce que j’aimais c’était la spontanéité de l’image fixe. L’image en mouvement, le raccord, ne permet pas cette spontanéité.

J’ai donc commencé à chercher des stages en photo, j’ai fait de la retouche, notamment pour des banques d’images, j’ai rencontré des photographes et j’ai été assistant studio. Quand j’ai commencé le milieu était très hermétique. J’ai appris en autodidacte la suite Adobe, j’ai aussi obtenu un stage d’assistant DA dans un bureau de tendances, c’était ma première approche de l’univers de la mode et donc une expérience importante dans mon parcours.

J’ai aussi fait de la photo d’architecture, j’aime bien le processus car il est très réfléchi, composé, on cherche à avoir une seule bonne image, on doit comprendre la perspective et les masses, comme dans le graphisme. Je me suis retrouvé publié dans des magazines comme AD. J’ai ensuite démarré à mon compte, je me suis acheté du matériel et j‘ai commencé un peu comme un cow boy :) Je me suis diversifié, je me suis mis au studio, j’avais pas mal de matériel et j’ai négocié le fait de laisser ce matériel en utilisation à un studio, en contrepartie je pouvais shooter quand je voulais. Aujourd’hui, j’ai mon propre studio :)


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Photos réalisées pour la marque "liquides imaginaires" https://www.instagram.com/liquides_imaginaires/



Vous avez réalisé de nombreux reportages photo partout dans le monde, y a-t-il un moment photographique qui vous a particulièrement marqué ?


Je fais effectivement beaucoup de reportage. Ce sont des commandes faites par des marques, des groupes de presse. J’ai fait beaucoup de reportages du type sourcing d’ingrédients, pour retracer de quelle manière les produits sont fabriqués, comme mes travaux pour Clarins et L’Oréal (j’ai fait un petit tour du monde pour ces deux marques).

Il y a forcément un moment fort par voyage, par évènement, il est difficile de n’en garder qu’un. Au cœur des rencontres, des mœurs, des cultures, il y a beaucoup de choses qui m’ont ému.

Visuellement, je retiens notamment les vallées désertiques que j’ai pu voir dans le haut Népal, dans le Mustang, totalement arides, c’est très beau, j’ai plein de paysages en tête d’étendues désertiques. Ça donne le vertige.

Un constat cependant : le monde est vaste et diversifié et pourtant une certaine contingence prévaut, tout le monde veut la même chose aujourd’hui, un téléphone portable et une connexion internet. Au sommet de la pyramide, il y a toujours ce même rêve du monde développé, quel que soit le lieu.




Photo1 : District de Mustang - Népal / Photo 2 : Laos Photo 3 : Madagascar, sur la route du Kalanchoé Photo 4 : Récolte d'hibiscus - Sénégal Photo 5 : Fleur d'hibiscus - Sénégal // Sourcing pour Clarins


Vous travaillez régulièrement pour de grandes marques en photographie publicitaire, notamment dans la cosmétique, quelles sont selon vous les qualités majeures que requiert cette pratique ? Quelles sont les qualités différenciantes dans l'exercice de la photographie de reportage ? 


Pour la photo commerciale, il faut être un très bon technicien, un chef d’orchestre, il faut avoir une vision d’ensemble et appréhender toutes les étapes, de la gestion du client au rendu final. Quand on te commande un reportage, les attentes sont différentes, on demande ta vision subjective sur un sujet, c’est ton interprétation qui est importante ; dans un travail commercial, c’est la vision du client qui est prioritaire.


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Photo 1 : Récolte d'Osmanthus capricieux - Chine / Photo 2 : Récolte de gousses de Vanille - Madagascar // Sourcing pour Mugler



Quel est le matériel que vous aimez utiliser régulièrement en reportage ? En studio ?


J’aime bien le matériel très réactif, en studio je shoote en ce moment avec un Canon R5 et une série d’optiques de la gamme R, en reportage je peux prendre un DSLR avec une seule optique, un 50 ou un 85. J’aime bien le Leica Q2 et le Fuji X100, j’en ai eu plusieurs de ce modèle, c’est petit, pratique et très simple d’utilisation en déplacement, mais je prends tout de même le Canon en backup.

En reportage, je fais également du drône, le matériel DJI est très approprié pour ça.



Vue au drône des campagnes de Chine orientale, sur les routes de l'Osmanthus (Sourcing Mugler - "Aux sources des senteurs")



Vous avez pu mêler les deux univers qui caractérisent votre pratique photographique en partant en reportage pour des marques pour lesquelles vous faites de la photographie commerciale, telles Clarins ou Mugler. Ces reportages ont fait l’objet d’expositions dont « Voyage au pays des senteurs » pour Mugler, qui s’est déroulée dans le cadre de Paris Photo en novembre 2021 au Palais Ephémère. Pouvez-vous nous parler de cette expérience ?


Je suis allé rencontrer les fournisseurs, les exploitants en remontant la chaine des produits utilisés en fabrication pour le groupe Clarins, en ramener à chaque fois des carnets de voyage photographiques.

J'ai travaillé en parallèle pour les groupes Clarins et L'Oréal. J’ai eu une exposition Clarins, « Grandeur nature » sur le toit de la Défense, j’y ai exposé tous les voyages faits pour le compte de la marque.

J'ai aussi été représenté par la marque Mugler sur Paris Photo en novembre dernier au Palais Ephémère. Ça a été une formidable expérience de ressortir les images prises quelques années auparavant (ces travaux ont été fait sur 5 ou 6 ans), et de retravailler à cette occasion sur le choix des photos.


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Photo 1 et photo 2 : sur les routes du Jasmin Sambac - Inde / Photo 3 et photo 4 : Récoltes de Kalanchoé - Madagascar


Votre travail studio figure peu sur votre site et les réseaux sociaux, pour quelle raison ?


C’est une partie très compliquée, le choix des images à publier pour la communication digitale. Le choix est difficile car chaque client potentiel recherche un spécialiste dans un domaine, donc montrer trop de choses différentes peut desservir. Présenter des photos de reportage dans des zones difficiles en parallèle à des photos commerciales n’est pas vraiment adéquat, ce sont des univers très contrastés qu’il est difficile d’associer sur une communication digitale.


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Photo 1 : @thenickydoll égérie Mugler, Alien Goddess - Photo 2 : Jourdan Dunn, égérie Mugler - Photo 3 : Campagne UTI



Quels sont vos projets en cours et futurs ?


En ce moment j’ai des projets en beauté, packshot, nature morte, également pour de nouvelles marques.

Pour la suite, j’ai trois voyages en tête avec un angle de travail plus engagé, et j’essaie de trouver entre autres des soutiens et subventions auprès d’associations. J’aimerais dans une autre phase de mon parcours aller plus vers du reportage d’auteur, du grand reportage, dans ce domaine j’adore les travaux de Nachtwey ou Salgado, en travaillant sur des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur.




Sur les routes de la Vanille - Madagascar



Tadaout - Maroc - 2008


Liens vers les travaux d'Olivier Löser :

http://olivierloser.com/

https://thegaiaproject.fr/

http://instagram.com/olivloz

Interview de Matthieu Mitschké

Matthieu Mitschké

© Tous droits réservés Matthieu Mitschké



Quel a été votre parcours pour devenir photographe industriel ? Est-ce un secteur de la photographie que vous avez investi dès le démarrage de votre activité ? 


Etre le fils d’un graphiste illustrateur qui a été formé chez Paul Colin, et le filleul de Philippe Noiret, ça met forcément dans des dispositions particulières…

Après avoir postulé sans succès à l’école des Gobelins, J’ai suivi en 1993 à Levallois Perret, une formation pilotée par Alain Balmayer, un grand Monsieur du noir et blanc, où j’ai appris le b.a.-ba de la pratique photographique ; c’est surtout mon premier stage chez Franck Brunel qui m’a presque tout appris : entre autre, déclencher des flashs au papier alu d’un paquet de gitanes et couvrir de chaussettes les gyrophares des Fenwick, servir le whisky, charger Les 4’x5’ dans une armoire, éviter les balles perdues des autonomistes corses à Corté…bref, j’ai tout fait avec lui et des clients comme Plastic Omnium, Knauf, Bayer, l’Institut Pasteur ou Peugeot Cycles qui ne rechignaient pas à solliciter ses talents et son exubérance. 

Quatre années folles, il est vrai aussi qu’un assistant avait un rôle important dans la production et qu’à chaque occasion, je le lui rendais bien.

Ce père spirituel m’a même viré du jour au lendemain en m’envoyant chez le bien moins tempétueux Antoine Gonin que j’ai longuement accompagné pour l’élaboration des images de son livre « Eloge de l’Avenir » (R.Delpire) sur les savoir-faire de l’industrie française. Avec lui j’ai aussi fait des choses hallucinantes, comme fréquenter le gigantisme de la soufflerie de l’ONERA à Modane, ramper dans l’accélérateur de particules Tore Supra à Cadarache ! Il fallait chez Dassault Aviation, au CEA, au CNES ou chez Airbus, éviter de lever le coude….

En parallèle je faisais mes armes dans la prise de vue immobilière pour la CRPNPAC, entre des repros récurrentes pour le CNRS et diverses interventions pour des petites agences. Avant d’emménager dans les Pays de Loire en 2010, j’ai complété ma connaissance de la chaîne graphique dans la reprographie et l’imprimerie.

Même si la photo généraliste payait bien à cette époque, c’est vers la spécificité des ateliers rugueux et bruyants de l’industrie et le plaisir des rencontres de ses femmes et hommes passionnés que je m’orientais déjà.


© Tous droits réservés Matthieu Mitschké


Qu’est-ce qui fait la particularité de ce domaine de la photographie ? Quelles sont à vos yeux les compétences clés nécessaires pour intervenir comme photographe dans cet environnement ?


La photographie en milieu industriel sous-tend une bonne connaissance de l’activité économique, du secteur de l’entreprise pour laquelle on travaille. On quitte le confort feutré du studio pour s’adapter aux contraintes d’environnements hostiles : place disponible et recul nécessaire pour shooter, dangerosité, bruit et surtout on s’adapte au flux de la production. On essaie aussi de viser correctement avec la visière d’un casque !

Il est aussi nécessaire de se mettre à la place de l’opérateur, en ne monopolisant pas son temps et échanger avec lui sur ses gestes, comprendre sa machine. La préparation d’une prise de vue est primordiale.


© Tous droits reservés Matthieu Mitschké



Avec quel matériel travaillez-vous régulièrement ? (Boîtier, éclairage, accessoires) Avez-vous recours à la location ?


La question du matériel utilisé m’étonne toujours, quand on sait que la magie d’une image ne tient qu’à deux choses : une vitesse et une ouverture de diaph, rien de plus. On n’a jamais demandé à Picasso quelle marque de pinceaux il utilisait !

Fidèle à Nikon depuis mon F3HP acquis en 86 j’utilise toujours mon « vieux » D750 en 24x36, qui est parfait pour mes besoins; 24 mpx suffisent finalement pour beaucoup de travaux.

Je ne suis pas dans la surenchère, ni féru de technologie, mais il est vrai qu’aujourd’hui, avec le numérique et l’exigence des capteurs modernes, je suis un peu obligé de m’y pencher et je réfléchis à deux fois, surtout concernant les optiques. 

Aujourd’hui, c’est essentiellement au GFX50S avec les 23, 45 et un 120 mm que je mets en lumière, au propre comme au figuré mes sujets, surtout depuis que j’ai découvert le rendu si qualitatif de la subligraphie. Pour la lumière, le système flash Elinchrom au rapport qualité prix imbattable, me convient. Pour l’image du camion pour Ageneau Transport par exemple, quel plaisir de faire cohabiter plusieurs générations de flashs : un Ranger RX, un ELB400, un 500 et un 1200, un Bxri. Sinon, un peu d’aluminium, un leatherman et la trilogie gaffer, clamp et bras magique ! 

Je ne shoote presque jamais en connecté, mais quand c’est le cas, un cable tether tools fourni par vos soins, et le tour est joué.

Je n’ai aucun a priori sur les logiciels de traitement, les nouveaux venus compensent aisément la lourdeur du code de la suite Adobe. La post production elle, est réalisée sur écrans Eizo.


© Tous droits réservés Matthieu Mitschké



On remarque un éclairage très élaboré sur l’ensemble des photos que vous mettez en scène, même en reportage, comment travaillez-vous ?


Pour la mise en lumière de mes images en entreprise, je systématise un repérage, histoire de voir mon terrain de jeu et de comprendre les besoins du client et les contraintes spécifiques de chaque production.

J’en profite pour imaginer et visualiser des placements de lumières et échanger avec mon modèle pour rester vrai et ne pas déformer ses gestes techniques. Si je peux en plus générer des vocations, mon contrat est rempli.

Apporter l’équivalent d’un studio en atelier nécessite de s’y adapter et je demande souvent l’aide du plus « petit » dans l’atelier, pour déplacer ce qui doit l’être, ranger, me dégoter la rallonge que j’ai oubliée par exemple. Le repérage me permet de retrouver mon modèle le jour J, les présentations étant déjà faites, les problèmes techniques envisagés presque éludés, on travaille directement sans perte de temps, chacun sait ce qu’il a à faire. 

 L’excellence de l’industrie est belle, il faut la montrer au mieux et valoriser ceux qui tous les jours créent, conçoivent et fabriquent.

Il redevient nécessaire, au vu des difficultés des chefs d’entreprise à recruter - même dans ma région où le taux de chômage est le plus bas de France – de montrer ces beaux métiers. 

De même, faire comprendre qu’un photographe professionnel exerce un vrai métier, qu’il a, outre, des connaissances techniques et la maitrise des outils, des aptitudes liées à son expérience, son savoir-faire et une connaissance de l’Image. Quand on voit certaines images sur des sites, réalisées au smartphone, comme tout le monde est photographe aujourd’hui, il y a de quoi ne plus rien comprendre.

Je mets autant de cœur à travailler la lumière sur les hommes et les machines que si je photographiais une bouteille de parfum iconique ! Chaque image est unique, on ne la refait pas.


© Tous droits réservés Matthieu Mitschké



Comment vous tenez-vous informés des dernières évolutions technologiques dans le secteur de l’image ?


Quand on a trouvé la bonne monture on n’en change pas !!! même si je regarde l’évolution des boitiers hybrides plein format je reste prudent car remplacer tout son parc optique ne se fait pas du jour au lendemain, ni sans besoins précis. J’aimerais souvent retrouver le plaisir de manipuler les corps d’une chambre de studio et celui de charger les magasins d’un Blad ou d’un Mamiya RZ, le système modulaire du GFX le permet en partie avec quelques contraintes. 

Le numérique rend aussi le rapport au matériel très « froid » un peu comme une comparaison entre le CD et le Vinyle. La photographie est devenue une activité et plus vraiment le métier d’un artisan et les bagues de diaph, les molettes bien crantées des sélecteurs de vitesse ont presque tous disparus, les menus s’allongent indéfiniment. On en revient à regretter ce bon PN55 de Polaroid !

Le Geek s’y retrouve mais sait-il faire une lumière…

Si la nouveauté nous permet de conforter l’excellence de notre pratique, je continue à penser que le prolongement de mon oeil doit m’accompagner le plus longtemps possible. Gagner en sécurité avec du matériel éprouvé au quotidien.

Il va surtout falloir que je me décide à venir profiter des apérotech de Digital&Cie!


Quels sont vos projets en cours et à venir ? Est-ce que cette période de crise sanitaire vous a amené à penser différemment votre activité ?


Avec la période difficile liée au Covid, on a été comme les artistes du spectacle, plus lent à redémarrer. 

J’ai même trouvé le retour en atelier particulièrement éprouvant comme le sportif qui reprend l’entrainement après une longue période, je m’étais entretemps brisé trois métatarses au pied droit, donc quel plaisir quand j’ai pu déclencher à nouveau. Mais le plus difficile est de reprendre son bâton de pèlerin pour convaincre de valoriser à nouveau la seule réelle richesse des entreprises : Les Hommes.

Passé la cinquantaine je m’attache aujourd’hui à me faire plaisir au travers d’un livre d’Art valorisant l’excellence des entreprises de mon territoire. Le projet est bien perçu par les entreprises qui y voient leur intérêt : continuer à faire parler d’elles, et (re)mettre une image de qualité sur des métiers aujourd’hui en tension. 

Une exposition en subligraphie viendra appuyer le projet et rendre visible par tous les savoir-faire invisibles derrières les logos au bord des routes que nous empruntons.

Rendez-vous d’ici un an si tout va bien ! 


© Tous droits réservés Matthieu Mitschké



Lien vers le site de Matthieu Mitschké :

https://www.mitschke-photographe.com/


Interview de Magali Delporte

Magali Delporte

Magali Delporte, photographe de presse et portraitiste membre de l’agence Signatures depuis 2019, s’est livrée dans une interview sur son parcours et ses multiples projets photos, professionnels et plus personnels, notamment sur le dernier projet qu’elle a réalisé sur son quartier du 20e arrondissement de Paris lors du confinement, bientôt exposé et publié. Son travail très dense, empreint d'une énergie pétillante qui reflète son plaisir de la rencontre, respire l’agilité que requiert le timing de la photo de presse.


De quelle manière êtes-vous entrée dans l’univers de la photographie ?

 

Lors de mes études de journalisme suivies à Bruxelles, je cherchais le moyen d’expression avec lequel je serai à l’aise.

J’ai fait de la presse écrite en stage au journal Le Soir. Je participais à la radio étudiante, c’était magique d’arriver sur le campus à 6h du matin pour préparer les infos en entendant les oiseaux chanter et se retrouver avec toute l'équipe de rédaction.

Grâce à ce parcours, j’ai ensuite obtenu un stage à la BBC World Service Radio, l’équivalent de RFI.

A la fin de mes études en Belgique, J’ai eu une bourse du Consulat britannique pour faire une maîtrise en journalisme international au Tom Hopkinson Centre for Media History, au Pays de Galles. J’avais imaginé une formation très pratique, et elle s'est avérée trop académique. C’était un point un peu décevant pour moi mais cela m'a permis de rencontrer des journalistes du monde entier et de faire la connaissance de Daniel Meadows et Colin Jacobson en choisissant l'option histoire de la photographie. 

Colin et Daniel étaient les deux professeurs d'un postgraduate Diploma of Photojournalisme. 

Je suis restée un an de plus à Cardiff car j'avais enfin trouvé mon moyen d'expression: la photographie. Ces 2 hommes m'ont appris le storytelling dans la tradition de Eugene Smith et du magazine Life, ceci avec beaucoup d’exigence. Nous étions 11 élèves avec un accès 24/24 à la chambre noire. 

Ça a été une formation d’un an extraordinaire et l'année suivante je commençais ma carrière à Londres au journal The Independent à Londres puis au Times, là j'ai tout appris au fil des commandes que me donnaient les journaux. J'ai fait de l'actu, du portrait, de l'objet et même paparazzi à deux reprises! 




Quels sont le(s) photographe(s) qui ont pu être source d’inspiration pour vous ?

 

Daniel Meadows, mon professeur a été très inspirant. Il est un des précurseurs du  « digital storytelling » qui donne aux gens la possibilité de raconter leur histoire avec leurs archives photographiques personnelles dans le cadre de workshop. Daniel à toujours impliqué ses sujets dans son travail que ce soit avec Capture Wales ou avec ses images du Free Photographic Omnibus des années 70 pour lesquelles il faisait déjà des prises de son de l'environnement et des interviews. C'est la personne la plus enthousiaste, intelligente et passionnée que j'ai été amenée à rencontrer dans ma vie. Son archive est depuis 2019 à la Bodleian Library à Oxford avec celle de Fox Talbot! 


Les femmes sont peu représentées dans la photographie de presse. Quel est votre ressenti à ce sujet ?

Ressentez-vous un changement et plus de parité ces dernières années ?

 

J’ai parfois l’impression en tant que femme de devoir faire mes preuves plus qu’un homme pour pouvoir me faire une place dans la presse française. 

J’ai d’ailleurs réalisé une série d’autoportraits, « M est photographe » qui questionne en partie sur le sujet.

Les portraits dans la presse sont principalement réalisés par des hommes, même si les iconographes sont plus souvent des femmes. 

Selon moi, nous sommes toutes aussi aptes à exercer ce métier. Le poids du matériel n'est pas un problème et c'est ma personnalité non pas mon sexe qui entre en jeu dans une prise de vue. Nous ne sommes cependant pas totalement débarrassés des stéréotypes sur la féminité et il est primordial que nos journaux tendent vers la parité dans la représentation de notre société, notamment avec les portraits des personnalités.

Ca commence heureusement a être le cas aujourd’hui. Pour ma part j'ai eu de la chance de débuter ma carrière à Londres. Les journaux britanniques me font confiance et je photographie grâce à eux des personnalités du monde politique économique et culturel. Cela est indispensable pour avoir de la visibilité!


 

Quel(s) boitier(s) utilisez-vous pour la prise de vue ? Quel matériel d’éclairage ?

 

J’ai longtemps utilisé des reflex 24x36. 

En 2001 j’ai été Lauréate du Prix Canon de la femme photo-journaliste, exposé à Visa pour l’image, à Londres et Paris.

En 2018, à la fermeture de la coopérative de photographes Picturetank, j’ai voulu changer de format et me donner un nouveau défi.

Je suis passé chez Fuji et je suis devenue Ambassadrice de la marque pour le GFX 50S avant de rentrer dans l’agence Signatures.

Je viens d’ailleurs tout juste d'acheter le nouveau boîtier GFX 100S. J’utilise aussi le modèle XT2 de la marque.

Pour l’éclairage, j’utilise des flashs de studio sur batteries ou des leds.

 

Vous avez de multiples projets transversaux en photographie, que ce soit professionnel ou plus personnel. 

La photographie semble s’intégrer dans votre quotidien comme un véritable art de vivre. 

Cela doit nécessiter au quotidien une certaine forme d’agilité et de capacité d’improvisation ?

 

C’est totalement un mode de vie mais je pensais que ça ne l’était pas car je ne sors pas tous les jours avec un appareil photo autour du coup. 

Certaines personnes saisissent tout, c’est aussi ça être photographe mais je me rends compte qu’en ce qui me concerne, plutôt qu’une pratique un peu frénétique, ça me suit tout au long de ma vie et de mon évolution, de manière construite.

J’avais photographié 90 femmes enceintes en Angleterre par curiosité et pour le plaisir de la rencontre. Quand je suis tombée enceinte moi-même, un mois avant d’accoucher, je me suis décidée à faire chaque jour un autoportrait. Sur chaque photo j’indiquais une date, je voulais qu’il y ait une chronologie. J’avais énormément d’énergie, j’ai mis à contribution des amis pour me prendre en photo dans des mises en scène que j’avais envisagées, comme par exemple pour la photo dans le métro, j’avais rêvé que je dormais dans le métro alors j’ai demandé à un ami de me prendre en photo en pyjama dans le métro. Les idées venaient au jour le jour. 

Je m’amuse aussi beaucoup dans ma pratique photographique et quand on s’amuse dans ce qu’on fait c’est souvent communicatif. J’ai ainsi réalisé une série avec des amis dans un vieux château un peu décrépi où nous avions été invités, on s’est beaucoup amusé à faire ça. J’avais mis mon Fuji en révision mais j’avais quand même pris le XT2 avec moi au cas où. Le décor du château m’inspirait tellement que j’ai proposé aux gens de leur faire à tous un portrait et je me suis retrouvée à faire des photos alors que je sortais de 3 mois de confinement où j’avais travaillé tous les jours !

Je fais également une carte de voeux une fois par an où je me mets en scène avec ma famille. C’est ma façon de travailler avec elle.

La photographie épouse les différents moments de ma vie.



 

Quels sont les futurs projets que vous envisagez ?

 


Dès le début de la pandémie et aux premières annonces gouvernementales, j’ai commencé à saisir ce qui se passait dans ma résidence du 20e arrondissement.

Je sentais bien que nous allions vivre un moment très particulier et j’avais envie de laisser une trace de cette période en prenant ancrage dans mon quartier, à travers mon voisinage. Il y a des photos plutôt documentaires, des portraits de mon voisinage, des autoportraits mis en scène chez mes voisins partis en province pour cette période, des mises en lumière de mes voisins à travers les différentes activités de quartier qui ont été organisées : sport, musique, activités diverses…

Une expo photo a débuté le 25 juin « Il était une fois un confinement » rue des Maronites, rue du Pressoir, rue Julien Lacroix et rue des Couronnes qui présentera mes travaux et ceux de 3 autres photographes : Pierre Durand, Vincent Fillon et Romain Jouin.

Je suis extrêmement fière de ce que nous avons réussi à faire avec un budget absolument ridicule ( moins de 1000 euros) pour 100 mètres  de tirages répartis sur quatre rues. Nous ne sommes pas au Luxembourg mais ça vaut le détour !

Les gens du quartier s’arrêtent en rentrant chez eux, ce sont des personnes qui ne mettront peut être jamais les pieds dans une galerie ou un musée. Nous allons faire des visites avec les scolaires. Chacun peut regarder avec sa propre connaissance des codes de la photographie et recevoir des explications d'un des quatre photographes car nous sommes tous voisins.

Je ne m’étais pas rendue compte du travail que cette expo représenterait. Heureusement, sinon je ne me serai pas lancée dans l’aventure. De la même façon, je ne me suis pas rendue compte de l’intérêt qu’elle susciterait localement.

C’est une très belle aventure photographique, à l’image de ce que nous savons faire au Pressoir, à Belleville.

Mon écriture et mon approche sont définitivement humanistes et accessibles, c’est ma façon d’exister en tant que photographe. L’exposition sur grilles du Pressoir est un cadeau comme j’en ai fait tout au long de ma carrière en parallèle des commandes qui me font gagner ma vie. Tous les ans je me retrouve à proposer des projets à la crèche, la maternelle, l'école, les voisins. A faire plaisir et mettre en valeur les gens très simplement. 

L'expo sur les grilles me rappelle que notre capacité d'action est grande et belle quand on y met notre énergie.

Un livre de ces photos sera prochainement édité aux éditions Intervalle.




 

Auriez-vous une anecdote à partager avec nous sur l’une de vos prises de vue ?

 

Une journaliste du Financial Times me propose un jour de venir avec elle pour l’interview de Bernard Arnault, elle n’avait qu’un quart d’heure pour la réaliser et n’avait pas prévu de photo, mais elle me dit qu’on devrait essayer.

Je suis arrivée avec mon appareil photo dans le sac à main et deux leds dans un sac. 

Chez LVMH, il faut monter successivement dans les étages de manière assez « protocolaire » jusqu’au dernier étage.

Une fois arrivées au sommet, l’attaché de presse de Bernard Arnault vient nous chercher, la journaliste me présente et on nous répond que la prise de vues n’était pas prévue, mais la journaliste ne se dégonfle pas et répond qu’on n’a pas besoin de prévenir, qu’elle vient toujours avec un photographe…

Je demande donc à l’attaché de presse s’il est possible de rencontrer Bernard Arnault et de lui demander s’il est d’accord ou non pour que je prenne une photo.

La rencontre se passe et il me dit oui. Pendant l’interview je fais mon repérage avec la réceptionniste et je trouve trois environnements adéquats. Je venais tout juste d’acheter mon GFX 50, en janvier 2018. Le lendemain même les photos étaient sur le web, et diffusées dans le Financial Times.

Quelques jours après, Bernard Arnault est passé 4e fortune mondiale, il avait besoin d’une photo pour le magazine Forbes et je lui ai fait une cession de droits en bonne et due forme.

Ça m’a permis de rembourser une partie de mon GFX50S! Le moyen format était un peu une folie pour une photographe de presse, finalement vite amortie en partie grâce à cette cession de droits.



Photos © Magali Delporte


Liens :

Site Magali Delporte

Interview Fuji en résidence dans ma résidence

Film Fuji be creative

Site Daniel Meadows

Interview d'Yves Gellie

Yves Gellie

Nous avons eu le plaisir de réaliser l'interview d'Yves Gellie, photographe plasticien inclassable dont l'oeuvre, du photo-journalisme à l'art contemporain, a toujours eu pour vocation de questionner sur le sens de l'image.


  • Vous aviez démarré votre parcours en tant que médecin, qu’est-ce qui vous a finalement amené sur la voie du photo-journalisme?


Objectivement je ne suis pas passé de la médecine à la photographie. Je suis passé d’un mode de vie à un autre. Les études de médecine m’ont passionné. J’ai testé beaucoup de pratiques différentes de cette profession en passant par la médecine hospitalière, la médecine de brousse au Gabon, la médecine générale dans les Cévennes, la médecine d’urgence au centre hospitalier d’Antibes. Mais j’avais besoin d’un rapport aux autres différent, la photographie a été un outil qui m’a permis de changer de cadre, de retrouver une liberté d’action et de pensée, d’avoir accès à tout ce qui m’intéressait. Je n’ai jamais vraiment eu le sentiment d’appartenir au monde des photographes même si j’en ai partagé le quotidien pendant de nombreuses années. L’appareil photo a été un outil, un prétexte mais pas une finalité, du moins à cette époque. La médecine m’a apporté une chose précieuse qui m’a permis d’entrer de plein pied dans le photojournalisme : la sémiologie. Une observation médicale a beaucoup à voir avec la préparation et la réalisation d’un reportage. Elle s’apparente pour moi à l’enquête journalistique : interrogatoire, étude des signes, examens complémentaires. Cette démarche m’a permis de traiter directement mes propres sujets. Je ne connaissais à l’époque personne dans le monde de la photographie et dans la presse. L’intérêt purement photographique est venu plus tard, quand j’ai repris des études d’histoire de l’art qui m’ont amené sur un terrain moins instinctif, moins empathique, plus créatif. Je me suis éloigné du photojournalisme car j’étais de moins en moins satisfait du mode d’apparition de mes histoires photographiques dans les journaux, je n’y retrouvais plus ce que je souhaitais raconter. Mais j’ai eu la chance de travailler régulièrement avec les plus grands magazines et agences de presse photographiques à une époque où les photojournalistes avaient encore leur mot à dire. Aujourd’hui j’utilise des outils adaptés aux travaux que je réalise. L’appareil photographique en fait partie mais il n’est plus le seul. 





  • On qualifie votre pratique photographique comme étant à la rencontre du photo-journalisme et de l’art contemporain. Pourriez-vous nous dire où se situe pour vous la frontière entre ces deux mondes ?


C’est une question que je ne me pose pas, mais que l’on me pose souvent. On aime en France vous cataloguer et vous faire appartenir à des mondes bien distincts. Je me suis éloigné du photojournalisme à la suite d’une histoire qui m’est arrivé en Iraq. Après la chute de Bagdad et du régime de Saddam Hussein, suite à la 2nde Guerre du Golfe, je suis parti dans le sud de l’Iraq, dans la région chiite de Kerbala et de Najaf. Pour moi la chute de Saddam signifiait avant tout la libération des chiites et la montée en puissance de l’Iran. Je me doutais que des milices chiites irakiennes et pro-iraniennes allaient se former rapidement. J’ai pu sur un coup de chance entrer dans le compound du leader chiite Moktadar Al Sader et y rester plusieurs jours. Des Iraniens étaient déjà présents avec des valises de cash qu’ils distribuaient aux étudiants en théologie dans le but de payer les salaires des enseignants et du personnel des hôpitaux afin d’en prendre le contrôle. Tout allait très vite. J’ai dû rentrer sur Paris pour trouver une commande capable de me financer un plus long séjour en Iraq. Dans le taxi que j’ai pris à l’aéroport j’ai entendu un fameux chroniqueur sur France Inter affirmer que les chiites irakiens ne feraient jamais alliance avec l’Iran qu’ils avaient combattu quelques années plus tôt. J’ai abordé tous les journaux avec qui je travaillais régulièrement pour trouver un financement. La plupart des rédactions pensaient que les chiites étaient une histoire secondaire. Connaissant bien l’Iraq je savais que l’histoire était là. La capitale Chiite allait bouger de Qom à Kerbala. Les chiites allaient diriger le pays, soutenus par l’administration américaine, ils allaient prendre leur revanche sur la minorité sunnite. 

Je n’ai jamais pu trouver l’ombre d’un euro. Pourtant cela faisait 10 ans que je suivais l’Irak, j’ai compris que l’avis d’un photographe sur des histoires complexes dans la presse n’était plus d’actualité. C’est à ce moment que j’ai pris mes distances avec la presse et que j’ai repris des cours d’Histoire de l’Art afin d’utiliser de nouveaux outils, de trouver d’autres modes d’apparition pour mon travail et surtout de le voir aboutir tel que je le souhaitais. Cela correspondait aussi à une découverte que j’avais faite au cours d’une édition de la Documenta de Kassel en Allemagne qui présentait la vision des artistes sur l’actualité. Leur vision m’avait totalement subjugué, ça a été réellement mon chemin de Damas. 





  • Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser le film « l’année du robot », qui a reçu 12 prix à l’international ? Quels moyens techniques ont été mis en oeuvre pour cette réalisation?


Au départ, je voulais travailler sur l’univers du laboratoire comme espace de recherche où s’élabore notre futur. Au cours d’un voyage au Japon en 2007, j’ai visité le laboratoire d’un chercheur japonais qui utilisait une plateforme de recherche humanoïde. J’ai alors choisi comme fil rouge de ce projet, les grands robots humanoïdes, sans savoir qu’ils n’étaient qu’une cinquantaine à travers le monde. Ces démarches m’ont amenées dans les grandes universités chinoises, américaines, japonaises et européennes. Toutes ces rencontres m’ont fait toucher du doigt l’extrême richesse de cet univers, m’ouvrant un champ d’investigation qui naviguait entre fiction et réalité. On trouve dans ces laboratoires des visions qui empruntent beaucoup au domaine de la fiction. 

 

Toute cette exploration m’a orientée vers un travail plus plasticien. J’ai alors réalisé des pièces basées sur de la vidéo, du mapping, de l’affiche, des installations, de la photographie, pour des musées ou suite à des commandes de municipalités comme Versailles pour sa « nuit de la création » ou Rambouillet pour l’ouverture du centre d’art « La Lanterne » ou Reims.


Le projet du film est venu comme une évidence, dans la mesure où pour moi, l’essentiel résidait dans le relationnel Homme/Machine. Le film puise dans la fiction en s'ancrant dans la réalité. Les scènes qui le composent, nous racontent un futur, tour à tour, désiré, imaginé, et parfois rejeté par nos sociétés. En poussant le petit robot, vers une autonomie rêvée, idéalisée, presque à portée de main, je tente de dévoiler la fascination et, parfois, l’envie irrésistible qu’ont les humains de communiquer avec ces machines. Ces rapports idéalisés leur apparaissent plus simples, apaisés par rapport à ceux qu’ils peuvent avoir avec leurs semblables. Bien que l’avènement de l’humanoïde robotique se heurte à la dure réalité économique, scientifique et technique, le rêve d’un compagnon artificiel reste, cependant, bien ancré dans notre imaginaire.






  • Quel matériel de prise de vue utilisez-vous le plus fréquemment ? 


Cela dépend bien sûr des situations ou des projets mais j’aime beaucoup travailler aujourd’hui avec du moyen format Mamiya argentique ou Hasselblad numérique. 

Pour les tournages vidéo je m’adapte aux situations et je change fréquemment de matériel.


  • Vous avez réalisé votre premier reportage en Colombie sur le trafic de cocaïne, comment cette expérience périlleuse vous a t’elle amené à poursuivre dans le photo-reportage? Auriez-vous une anecdote sur ce premier reportage à partager avec nous?


C’est le genre d’histoire que vous ne pouvez traverser qu’avec la naiveté du débutant. 

Le magazine Photo Reporter à l’époque, suite aux publications du Sunday time magazine et de Paris Match, avait publié un portfolio qui s’intitulait « L’épreuve suicidaire d’un premier reportage ». C’est une histoire invraisemblable trop longue à raconter mais je suis parti avec un boitier nikkormat, deux optiques pas reluisantes et je suis revenu avec 4 rouleaux de films et j’ai réalisé plus tard que j’avais séjourné pour ce sujet improbable dans les premiers laboratoires de pasta (cocaïne) de Pablo Escobar cachés dans la Selva amazonienne du Vaupès. Je suis resté plus de trois mois en Colombie. J’ai franchement eu beaucoup de chance de passer à travers. L’agence Gamma où j’étais staffeur a perdu les négatifs originaux. Cette histoire m’a ouvert les portes des grandes agences de l’époque. 





Site internet d’Yves Gellie : http://www.yvesgellie.com/

Interview Benjamin Martinot

Deux drôles d'Oiseaux

Nous avons réalisé l'interview de Benjamin Martinot, photographe au sein du binôme Deux drôles d'Oiseaux. Le duo est spécialisé dans la photo et vidéo de mariage, et l'aborde de manière très créative, sensible et atypique.



- Peux-tu nous dire quelle est ta pratique photographique professionnelle et comment tu en es venu à ça ?

Je faisais un peu de photographie en loisir avec mon Canon 5D MarkII et le 24/70 2.8.

Un ami m’a proposé de venir faire quelques photos lors d’un mariage.

J’ai alors réalisé que c’était un excellent terrain de jeux pour un passionné de prises de vues.

Depuis 2017, je travaille avec ma compagne qui est vidéaste. Nous formons le duo “Deux Drôles d’Oiseaux”, spécialisé dans les reportages de mariages.


- Qu’utilises tu comme matériel ?

Peut-on dire que je suis un fan boy Sony ? Oui clairement XD, j’ai plusieurs boitiers : le Sony A7R II et deux A7 III. 

Ma compagne travaille avec le Sony A7S II et tout récemment l’A7 SIII.

Nous avons un joli parc d’objectifs : 15mm, 24mm, 35mm, 55mm, 85mm, 90 mm macro et un 70/200 !!


- As-tu recours à de la location ?

Je n’ai jamais eu recours à de la location pour mes reportages photos de mariages. Cependant, j’ai déjà loué de nombreuses fois du matériel lumière pour réaliser les courts métrages de ma chaîne Youtube « Dahn et Marty ».


- Quelles sont tes objectifs d’évolution professionnelle à court et long terme ?

Nous avons plusieurs objectifs d'évolutions.

Aujourd’hui, nous travaillons principalement avec des particuliers et nous souhaitons nous développer vers d’autres marchés (photo culinaire, mode, pub, corporate, fiction…).

En parallèle, nous souhaitons développer une chaîne Youtube autour de la photo et de la vidéo en général.


- Quels sont tes usages en post-production ?

Aujourd’hui, nous travaillons avec la suite Adobe (Lightroom, photoshop, première pro).

J’utilise par pure geekerie quelques logiciels supplémentaires : Luminar 4, Aurora HDR et Capture one.

D’ici quelques mois, nous allons nous former sur DaVinci Resolve.


- As-tu une anecdote à nous raconter sur une de tes prises de vue ?

Cette anecdote est assez récente, elle s’est déroulée au mois d'août 2020.

Je suivais l'entrée du marié en reculant puis je me suis retourné pour courir vers l'hôtel.

Mon masque (merci le covid) me cachant légèrement la vision vers le bas, je me suis pris le pied sur une petit marche. J’ai tout simplement volé avec mes deux boitiers devant tout le monde pour m’écraser tout en glissant… Il faut un peu de style dans ce genre de chute !

Je me suis relevé instantanément pour continuer le reportage. Silence total dans l’église. Les invités, le marié et sa maman ont vu que j'étais encore “vivant” et ont TOUS explosé de rires. J’ai donc une magnifique photo du marié aux bras de sa mère éclatant de rire.

Dans cette histoire je me suis fêlée les côtes, cassé un des boîtiers et le 70/200 ; d'où l'importance d’avoir minimum deux boitiers et une assurance professionnelle pour le matériel !






Quelques liens vers des vidéos réalisées par le duo :

https://vimeo.com/433387420

https://vimeo.com/477194420

https://vimeo.com/308623411 

https://vimeo.com/476628531


Son site internet :

https://deuxdrolesdoiseaux.com